Jean-Baptiste DUMAS (1800-1884)
Chimiste, universitaire, académicien des sciences, homme politique, troisième président de la Société d’Encouragement pour l’industrie nationale
Portrait exécuté en 1889 par Charles-Edouard Armand Dumaresq, peintre d‘histoire et de batailles, proche de Dumas, et membre du comité des Beaux-Arts.
ean-Baptiste Dumas incarne l’alliance entre la science et le pouvoir au XIXᵉ siècle. Pour lui, la chimie doit produire des applications utiles à la société. Originaire d’Alès et gendre d’Alexandre Brongniart, célèbre chimiste et directeur de la manufacture de Sèvres, il suit des études de pharmacie à Montpellier, puis à Genève. Dès ses débuts, il se distingue avec Prevost grâce à des travaux sur la formation de l’urée. Ces recherches attirent rapidement l’attention du monde scientifique.
De retour à Paris, il devient professeur à la Faculté des Sciences, à la Faculté de Médecine, à Polytechnique et au Collège de France. En 1832, il est élu membre de l’Académie des Sciences, puis rejoint plusieurs académies européennes. Ses recherches couvrent la chimie générale, minérale, physiologique et industrielle. Il se démarque surtout en chimie organique, grâce à sa théorie des substitutions et à ses travaux sur les familles naturelles ou homologues.
En 1829, Dumas cofonde avec Benoit, Lavallée, Péclet et Olivier l’École Centrale des Arts et Manufactures. Cette institution vise à former des ingénieurs civils de haut niveau. Plus tard, en 1850, il soutient la création d’un Institut national agronomique, qui verra finalement le jour en 1876. Parallèlement, il poursuit ses recherches et contribue activement au développement scientifique de la France.
Sur le plan politique, Dumas s’engage avec la même rigueur. Élu député en 1849, il devient ensuite ministre de l’Agriculture et des Travaux publics, vice-président du Conseil supérieur de l’Instruction publique, sénateur et président du Conseil municipal de Paris sous le Second Empire. Son ambition est claire : être le « Chaptal de Napoléon III » en mettant la science au service des grands travaux d’Haussmann.
Entre 1845 et 1884, il préside la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Il supervise alors la construction de son hôtel actuel, réalisée en deux étapes, en 1852 puis en 1874. Soucieux de l’avenir, il ouvre les portes du conseil à de jeunes ingénieurs issus de grandes écoles. Il soutient la recherche en hygiène, salubrité et chimie agricole afin de lutter contre les maladies des plantes. De plus, il favorise les conférences, accueille de nouvelles sociétés scientifiques et oriente la Société vers le progrès social. Il encourage notamment la création d’associations destinées à protéger les apprentis et à prévenir les accidents du travail.