Histoire de l'Hôtel de l'Industrie

La Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale est installée à Saint-Germain-des-Prés depuis 1852

Installée dans des hôtels particuliers du faubourg Saint-Germain, elle décidera à la veille de son cinquantenaire, à l’initiative de Jean-Baptiste Dumas, de devenir propriétaire. Pour des raisons à la fois de coût et de facilité d’accès, elle choisira un espace situé au sud-ouest de l’ancien enclos de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés, où elle fera construire en 1850 -1851 sur l'emplacement de l'ancienne Tonnellerie, un bâtiment d’un étage, doté de quatre salles de réunion, dont la grande salle actuelle, et de locaux annexes.                                                         

Elle pouvait ainsi abriter  les travaux de ses comités spécialisés – mécanique, chimie, agriculture, biens de consommation, commerce, construction et beaux- arts, plus tard physique ; elle pouvait tenir de grandes séances, temps forts de son activité : débats sur des questions techniques, scientifiques, mais aussi commerciales ou même politiques, attribution de récompenses, conférences, démonstrations et expositions.



Ce local, noyau de l’hôtel actuel, sera inauguré solennellement le 28 janvier 1852. Sa façade  très sobre donnait sur une impasse, l’actuelle rue Guillaume Apollinaire. Cependant,  les modifications du quartier, en raison des grands travaux lancés par le préfet Haussmann,  tels le percement de la rue de Rennes et du boulevard Saint-Germain, et le prolongement de la rue de l’Abbaye – l’actuelle rue Guillaume Apollinaire –nécessitèrent l’acquisition de parcelles indispensables pour son nouvel alignement sur la rue de Rennes.

Elle fit alors édifier, en 1873 -1874, un bâtiment en pierre de taille, de grand style, avec deux pavillons latéraux et un corps central rythmé par le porche semi-circulaire, qui constitue  la façade actuelle.

Les nouveaux locaux, inaugurés en décembre 1874, offraient davantage d'espaces pour l’administration et surtout la rédaction d’un bulletin de plus en plus important, pour une société dont le rayonnement s’étendait bien au-delà des frontières.

A partir de la seconde moitié du XIXème siècle, un centre de documentation, d’information, de démonstration et d’expositions

En 1885-1886, la Société fera réaliser entre la rue de l’Abbaye et la rue Saint-Benoît, un dernier bâtiment destiné à accroître le nombre de salles de réunion, et surtout à se doter d’une bibliothèque, dont elle fera un des plus importants centres de documentation scientifique et technique de l’époque, notamment sur les plans de la chimie et de la mécanique.


La société ambitionnait alors en effet de faire de son Hôtel un des principaux foyers de l’innovation à Paris, ouvrant ses portes aux chercheurs, invitant les conférenciers les plus prestigieux, n’hésitant pas à organiser démonstrations et expériences.

C’est ainsi qu’elle fut un des lieux pionniers de l’électricité dans les années 1880, de l’air comprimé dans les années 1890, ainsi que du cinéma: c’est dans sa grande salle que Louis et Auguste Lumière présentèrent pour la première fois, le 22 mars 1895, leur cinématographe, avec le film « la sortie des usines Lumière ». Elle organisera également des expositions, comme celle sur les applications des matières plastiques à la vie quotidienne, dès la fin des années Trente.


Le saviez-vous ?

La belle statue qui surplombe le toit de l'Hôtel de l'Industrie représente Orphée charmant les bêtes sauvages. Elle fut offerte par le sculpteur Eugène Guillaume en 1888.

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Un « cluster » de sociétés et d’institutions scientifiques et techniques et un des lieux de la vie intellectuelle de la rive gauche

La société accueille dans ses murs d’autres institutions savantes - les sociétés françaises  de physique et de chimie y seront longtemps installées - ou des centres techniques liés à sa vocation : diffusion de la classification décimale, normalisation internationale, organisation scientifique du travail.
L’hôtel deviendra vite un des hauts-lieux de la vie culturelle, sociale et politique de la rive gauche :  depuis que, sous le Second Empire, la Société de secours aux blessés militaires d'Henri Dunant, ancêtre de la Croix-Rouge y avait tenu ses premières assises,  nombre des grands mouvements intellectuels, politiques, sociaux ou économiques qui ont marqué le pays jusqu'à nos jours, sont venus tenir des réunions dans  ses murs, parfois de manière solennelle, parfois de manière plus passionnée.


Jazz à l'Hôtel de l'Industrie

Cette inscription dans la vie du quartier sera encore plus manifeste après la Seconde Guerre mondiale : en 1947, alors que le quartier était en pleine effervescence intellectuelle, artistique et musicale, la société acceptera de louer un local avec cave à un groupe de jeunes gens emblématiques de la nouvelle scène culturelle parisienne, parmi lesquels Boris Vian, et Juliette Gréco, avec, il est vrai, la caution prestigieuse de Paul Boubal, le patron du Flore.
Le club Saint-Germain deviendra vite la cave de référence du jazz. Il sera aussi un lieu culturel avec des lectures, des débats, une galerie de tableaux et une librairie.