Une institution originale créée sous le patronage de Bonaparte
Cette création intervient alors que le Premier Consul Bonaparte entend remettre en ordre le pays au sortir de la période révolutionnaire. Il a assigné à Chaptal la tâche de relancer son économie et de lui donner les cadres indispensables à son développement. La Société d’encouragement pour l’industrie nationale est conçue comme une institution originale, qui associe l’initiative privée et l’initiative publique.
Le programme de la Société lui donne pour mission de « seconder l’industrie dans son développement […] par des encouragements sagement conçus et appliqués » ; nous dirions en termes modernes encourager la créativité afin de stimuler l’activité productive, à une époque où il s’agit de capitaliser la dynamique de modernisation issue du XVIIIe siècle.

« Le premier programme de la Société d’encouragement (été an X/1801) ». Programme d’une Société libre d’encouragement, archives de la Société d’encouragement, ENC 1/1.
@société d'encouragement pour l'industrie nationale
Elle semble prolonger l’activité des sociétés savantes du XVIIIe siècle, par la mise en œuvre de concours comme par l’affichage d’un désir de mobiliser un « esprit public », imprégné de l’idéologie du progrès et de l’utilité sociale de l’invention, comme elle le rappellera constamment.
Elle est néanmoins une institution originale dans le paysage français : son refus des formes académiques, son souci d’utilitarisme, son désir d’efficacité sont autant d’emprunts explicites à la Society of Arts britannique, fondée en 1754, sans équivalent en France et à laquelle on attribuait un rôle important dans l’essor technique de la Grande-Bretagne.
Héritière de l’esprit des sociétés savantes apparues durant la période révolutionnaire, qui affirmaient la valeur de l’œuvre des producteurs, elle proclame qu’elle veut mettre sur le même pied le savant et « l’artiste » dont la théorie et la pratique se fécondent mutuellement.
Elle se caractérise également par l’affirmation d’un libéralisme économique hérité de cette période. Elle valorise la démarche entrepreneuriale individuelle et affirme l’importance de la propriété industrielle.
La Société entre donc dans le dispositif conçu par Chaptal pour accomplir la mission dont il est chargé, en constituant un lieu central de rencontre entre une action publique qui veut prolonger et amplifier celle des régimes précédents et l’initiative privée, capable de répondre aux sollicitations de l’une et de l’autre, tout en associant dans son activité des experts d’état, des savants et des entrepreneurs.