La pratique de la science industrielle dans la seconde moitié du XIXe siècle :

Un président marquant : Jean-Baptiste Dumas ou la science comme référence


Jean-Baptiste Dumas (1800–1884 ; pr. 1845–1884), chimiste et universitaire, a dominé de sa forte personnalité la science française de son temps, tout en menant sous la IIe République et le Second Empire une carrière politique. Il est conscient que la diversification des procédés, des moyens de production et des produits devient telle qu’il est impossible d’avoir un regard précis sur chacun d’entre eux. Il faut donc se placer en amont, et promouvoir la science industrielle en valorisant les avancées scientifiques qui peuvent déboucher sur des procédés ou des productions nouvelles.

Une expertise renouvelée


Les comités sont progressivement renouvelés par l’entrée de jeunes scientifiques et d’ingénieurs dotés d’une solide culture scientifique en même temps qu’industrielle. En rupture avec la démarche d’encouragement précédente, il s’agit désormais de juger en aval des travaux menés sur une longue période, que ce soient des recherches scientifiques ou des activités industrielles, et de décerner de grandes médailles ou des grands prix fortement dotés.

Les applications des avancées de la chimie et de la physique

Dans le contexte de la deuxième industrialisation, une attention particulière est portée aux avancées majeures de la chimie, notamment pour les colorants, les arts du feu, la métallurgie, les produits employés en photographie et bientôt pour le cinéma naissant ; ses applications dans le domaine de la biochimie ou dans celui la lutte phytosanitaire sont également valorisées. Les applications d’une physique en pleine expansion vont également prendre beaucoup d’importance dans l’activité de la Société : l’électricité pour les premières industries électriques, la thermodynamique pour l’amélioration des moteurs], l’aérodynamique pour l’aérostation et l’aviation naissantes, l’optique. Les sciences de l’ingénieur, de plus en plus essentielles pour les grandes réalisations de génie civil, sont également mises à l’honneur.


« La physique et le développement des applications industrielles de l’électricité : la dynamo de « l’Alliance » (1867) ».Bulletin de la Société d’encouragement, vol. 66, 2e série, tome XIV, 1867, pl. 379 h.t..
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 « Le premier moteur à combustion interne d’Etienne Lenoir en 1861 ». Bulletin de la Société d’encouragement, vol. 60, 2e série, tome VIII,. 1861, pl. 231 h.t.

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« Rapport sur les travaux d’Alphonse Beau de Rochas en 1891 ». id., vol. 90, 4e série1891, pl. 359. t

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L’accent mis sur de grandes réalisations


Au final, la valeur des récompenses, du milieu du XIXe siècle jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, s’élève à plus d’un million et demi de francs-or, attribués aux plus grands noms de la science, de l’industrie et de l’ingénierie de l’époque tels Louis Vicat, Eugène Chevreul, Louis Pasteur, Ferdinand de Lesseps, l’entreprise Saint-Gobain, Gustave Eiffel, Henri Moissan, les frères Lumière ou Edouard Branly, pour n’en citer que quelques-uns.


« La valorisation des sciences de l’ingénieur : la technique de construction de la tour de 300 m. de M. Eiffel (1891) ». Bulletin de la Société d’encouragement, vol. 90, 4e série, tome V, 1891, pl. 62 & 63 h.t..
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La volonté d’afficher le rayonnement de la Société d’encouragement

Dumas tient à marquer l’importance de la Société, et à lui donner, par la construction de son hôtel de Saint-Germain-des-Prés qui sera réalisé par étapes entre 1851 et 1885, un cadre digne de son rayonnement national et international. A côté des manifestations majeures que sont les remises des grandes récompenses, cet hôtel devient également un lieu de diffusion des grandes avancées scientifiques appliquées et techniques, telles le gramophone de Bell, le « kinétoscope » des frères Lumière, par l’organisation de conférences attirant un large public. La tenue, par les sociétés savantes qu’elle héberge, de manifestations similaires, notamment sur les applications pratiques de l’électricité, contribue à ce rayonnement.


Hôtel de l'Industrie - 1875