Des thèmes récurrents sur la longue durée
Le souci d’utilité sociale
Dès les premières années, la Société a une démarche d’ordre philanthropique en faveur de l’amélioration des procédés de chauffage et d’éclairage par la science et la technique ; on voit la même démarche, durant les années de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, dans l’action en faveur de l’amélioration de la salubrité d’un environnement souvent compromise par les activités industrielles ; on la retrouve encore au milieu du XIXe siècle lorsque l’accent est mis sur les techniques édilitaires, comme l’assainissement. Cette question de la mise du progrès technique au service de l’utilité sociale et du bien-être prend une nouvelle dimension dans les années 1970, par une réflexion sur la finalité sociale du progrès technique, avec les analyses prospectives présentées à la Société par des personnalités comme Louis Armand, Jean Fourastié ou Alfred Sauvy. Elle se prolonge dans les années 2000 par les réflexions sur les questions environnementales ou du monde numérique.
Les enjeux de la formation
Dès les premiers temps, les dirigeants de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale expriment leur intérêt pour une formation pratique et technique qu’ils jugent indispensable. Ils soutiennent activement la création de la Société pour l’instruction élémentaire aux débuts de la Restauration ; des bourses sont distribuées par la suite pour des écoles visant à former des personnels techniques intermédiaires, comme les Ecoles d’arts et métiers, ou des ingénieurs, comme l’Ecole centrale des arts et manufactures.
A partir du milieu du XIXe siècle, la question de la formation technique par l’apprentissage devient un enjeu majeur, marqué par la création de la Société de protection des apprentis. La Société défend ensuite le modèle de la formation en alternance, au moment des débats sur la loi Astier, au sortir de la Première Guerre mondiale. A la même époque, à côté de la promotion de formations de reconversion pour les mutilés, elle organise elle-même une formation spéciale d’ingénieurs pour les soldats démobilisés.
Ces questions reviennent sur le devant de la scène à partir de la fin des années 1990, lorsque la Société pose les enjeux de la formation, initiale et continue, dans l’adaptation des individus et des entreprises aux rapides transformations de l’économie. Elle souligne l’importance de l‘adéquation des structures de formation aux besoins et décide d’agir par elle-même dans le domaine qu’elle considère comme central, celle de la maîtrise des stratégies industrielles [ill. 25 : La formation, une préoccupation durable].
Le souci des économies d’énergie
En arrière-plan de la question du chauffage et de l’éclairage, apparaît une question récurrente dans la pensée de la Société, qui est celle de l’économie de sources d’énergie pouvant être coûteuses et à la disponibilité aléatoire. Cette préoccupation sous-tend par la suite l’intérêt pour l’énergie hydraulique, puis pour la thermodynamique. Elle explique également l’intérêt, dans la première moitié du XXe siècle pour des combustibles de substitution destinés aux véhicules à moteur, alcool ou gaz, ainsi que pour l’emploi de l’hydroélectricité. Cette préoccupation se retrouve enfin dans la présentation, à partir des années 1970, d’énergies alternatives, le solaire, l’éolien ou la géothermie et le suivi constant de leur développement depuis lors.
La question de l’image multipliée puis animée
La mise au point de techniques permettant une reproduction aisée d’images de toute nature, didactique ou artistique, afin de faciliter leur accès au plus grand nombre, est un sujet d’intérêt immédiat pour la Société : aux débuts de la Restauration, elle fait la promotion du procédé, d’origine allemande, de la lithographie, introduit par son vice-président, Charles-Philibert de Lasteyrie (1759-1849) et encourage les perfectionnements de ses différents composants et la diversification de ses applications. Son attention se porte, de la même manière, à partir des années 1840, sur le développement du procédé de la photographie et de ses différentes possibilités. Enfin, à partir de la fin du XIXe siècle, après la première présentation devant un public, au cours d’une de ses conférences, du « kinétoscope » des frères Lumière, la Société s’intéresse aux techniques du cinéma naissant, en particulier aux activités de Léon Gaumont : le développement de son entreprise, bien structurée et innovante sur le plan de l’emploi du son et de la couleur, est alors valorisé.
De nos jours, la Société, renouvelant son action dans le domaine de l’image, incite, par le Prix de la photographie industrielle les jeunes talents à capter et à valoriser l’image de l’industrie.

« La première projection du cinématographe dans la grande salle de la Société le 22 mars 1895 ». 1°) - La grande salle, Bulletin de la Société d’encouragement, vol. 137, 1923, p. 687. Cl Société 2°) - le premier projecteur du cinématographe, Notice sur le cinématographe Auguste et Louis Lumière, 1897, p. 28, gravure de Louis Pouget. 3°) - Image extraite de la Sortie des Usines Lumière, première version réalisée le 22 mars 1895. @ Fondation Lumière.
Le lien entre art et industrie.
La Société d’encouragement affirme très vite, et rappelle constamment par la suite, l’importance du lien étroit entre art et industrie pour des produits à valeur ajoutée esthétique fabriqués de manière industrielle. Cela concerne notamment le mobilier, les équipements de chauffage et d’éclairage, les produits céramiques ou verriers, la peinture à l’huile, les tapis et tentures. Cela s’applique aussi à des reproductions d’œuvres d’art et de bijoux. L’enjeu est de satisfaire la propension croissante à consommer de la population, au fur et à mesure de l’élévation du niveau de vie, en proposant des produits d’imitation qui reproduisent les biens de luxe de l’élite sociale. Ces produits doivent associer qualité esthétique et emploi des procédés techniques sans cesse plus complexes, faisant parfois appel à des avancées scientifiques. De nos jours, la Société est attentive, dans un environnement de plus en plus marqué par la production de masse, à la valorisation des métiers d’arts comme mode de création basé sur les savoir-faire, même lorsqu’il utilise les technologies avancées, attentif à la tradition, sachant établir un dialogue avec le consommateur.
Ce lien entre l’art et l’industrie est également marqué par l’attention portée à la facture musicale. La Société s’intéresse aux innovations dans les techniques de fabrication, comme celles des cordes à violon ou à piano dans les années 1820, la facture des pianos de Pleyel dans les années 1840–1870, celle des orgues de Cavaillé-Coll dans les années 1850–1860. S’ajoute une volonté de mettre en œuvre concrètement les questions de physique des sons comme la définition du la normal, pour lequel sera mis au point le phonautographe de Scott de Martinville en 1857. La relation entre musique et électronique, avec la présentation des premiers instruments de musique synthétique dans les années 1920 ou de l’emploi des ordinateurs dans le domaine musical à la fin des années 1970 montre toute l’étendue de cet intérêt.
Gravure sur bois polytypée de Duplat, Bulletin de la Société d’encouragement, vol. 4, 1805-1806, pl. 28 h.t.
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« objets d’art décorés par le procédé électrochimique de M. Christofle », id., vol. 80, 3e série, tome VIII, 1881, fig. 1, p. 581.
@societe d'encouragement pour l'industrie nationale

« Exposition des applications artistiques françaises de l’industrie des matières plastiques », id., vol. 153, 1939, fig. 18 p. 423. @ Société d’encouragement pour l'industrie nationale